Moyen métrage documentaire explorant les relations entre policiers et groupes minoritaires à Montréal. La réalisatrice se questionne : comment se fait-il que malgré les études, les réformes, la police de quartier, l'égalité à l'emploi, le partenariat, l'embauche de civils spécialistes... les relations entre policiers et groupes minoritaires restent si mauvaises?
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Le Devoir : Édition du mardi 07 avril 2009
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La violence policière
RépondreSupprimer19 March 2009 at 05:39
Je n’ai pas encore trouvé le temps de réagir aux textes de LaPresse contre les manifestants lors de la journée sur la violence policière car j’étais à l’hôpital au chevet de ma fille qui a eu une intervention chirirgicale. Voici ma réflexion :
C’était dans les années 80 : j’avais 14 ans. Mon père qui buvait, avait encore une fois été violent, puis il avait, étant saoul, provoqué une dispute avec ma mère. Cette dernière avait fait une crise d’hystérie durant la dispute (comme d’habitude) et cassé de la vaisselle puis était tombé inconsciente sur le sol.
Nous avons dû réanimer ma mère et la mettre au lit, ramasser les tessons de porcelaine brisée et remettre le mobilier de cuisine en place (chaises renversées, objets sur le sol, téléphone). Puis, mon père est allé voir sa mère en prenant le volant en état d’ivresse.
Les trois enfants se sont consultés ma petite sœur, mon petit frère et moi et nous avons décidés, terrorisés, découragés, outrés et usés par les nombreuses occasions où cette situation se produisait, d’aller nous plaindre à la police de Pont-Viau concernant la violence de mon père. Je revois encore ces trois bambins qui avaient pris tout leur courage avec eux pour aller voir les forces de l’ordre marchant clopin clopant sur le trottoir.
Arrivés au poste de police, un solide gaillard nous a accueilli (style armoire à glace ventripotent) : «Qu’est-ce que vous êtes venu faire icitte les flos, c’est la police, va n’avez pas d’affaire icitte!» Mais Monsieur on est venu se plaindre. «Où c’est qui sont vos parents?» Ma mère est couchée dans son lit et elle est malade et mon père est allé voir sa mère.
«Comment ça se fait que t’est icitte d’abord si ton père est pas là! Qui est-ce qui t’a donné la permission d’aller voir la police?» Personne Monsieur, on s’en est parlé entre nous et on est tombé d’accord pour aller vous voir. «Est-ce que ton père est au courant que t’est icitte?» Non car on est venu se plaindre contre lui parce qu’il boit et se chamaille avec ma mère et qu’il nous bat.
«Sais-tu ce qu’on fait, nous autres avec des enfants qui partent de chez eux sans la permission de leurs parents?» Non Monsieur. «On les mets en prison jusqu’à ce que leur père vienne les chercher.» «T’est un petit qui, toi, c’est quoi ton nom?» Castonguay : Pierre Castonguay. «C’est quoi ton âge?» 14 ans Monsieur. «C’est quoi ton adresse?» 60 Jubinville Monsieur. «C’est quoi ton numéro de téléphonne?» 667-6833 Monsieur. Allez vous nous mettre en prison? «Non mais écoute moi bien Pierre Castonguay du 60 Jubinville. Tu va prendre ton petit frère et ta petite sœur par la main et tu vas rentrer chez toi immédiatement.» Mais pour la plainte Monsieur. «Viens avec tes parents. C’est eux autres qui doivent se plaindre pas toi.» Oui mais Monsieur…«Qu’est-ce que je viens de te dire, attends tu que je me choque?» non Monsieur. Excusez-moi monsieur. «Pis t’a besoin de pu refaire ça parce que la prochaine fois on t’arrête.»
La police a téléphoné à mon père pour l’avertir de notre visite dès le lendemain. J’ai mangé une maudite raclée…
Quatres années plus tard :
Mon père saoul m’avais faussement accusé d’une chose que mon petit frère avait faite. Comme je lui ai répondu que ce n’était pas moi, il s’est mis à me traiter de menteur et comme je persistait à lui dire que ce n’était pas moi, il s’est mis à me frapper puis il s’est saisi d’une hache.
Prenant la poudre d’escampette je suis monté à ma chambre en mettant le verrou sur la porte du second étage. Alors mon père s’est mis à frapper à coups de hache dans la porte. Terrorisé, je me suis barricadé dans ma chambre.
Les coups se sont arrêtés et mon père est allé dessaouler au salon. Comme le soir tombait, je me suis réfugié au lit et me suis endormi. Puis suite à un choc sous mon lit je me suis éveillé. C’était mon père qui cognait avec le manche de la hache au plafond. Le cœur me battait dans la gorge car j’avais cru en me réveillant qu’il avait réussi à pénétrer dans ma chambre. Je me suis endormi après quinze minutes de veille car je devais aller travailler le lendemain. Les coups se sont succédés aux demi heures et mon père criait :
«Mon écoeurant, tu ne dormiras pas de la nuit». Vers les 3 heures du matin, constatant que je n’allais pas pouvoir tenir le coup car je tremblais de tout mon corps j’ai décidé de m’enfuir péniblement par la fenêtre du second étage : en me disant que de toute façon je n’allais pas pouvoir dormir et qu’en me rendant à pied à l’hôpital Notre-Dame, je serais à même de décompresser et que j’arriverais à temps pour mon quart de travail. »
En me rendant à pied sur la rue St-Denis, avant Crémazie, une voiture non identifiée aux forces de l’ordre s’est mise à me suivre tout phares éteints. J’étais certain que c’était des malfaiteurs, des bandits ou des voleurs et j’ai décidé de me mettre à courir en entendant le claquement des portières. J’entendais les pas des coureurs silencieux. J’étais en survêtement de jogging et j’avais de bons espadrilles aux pieds. J’ai couru jusqu’au moment où j’ai entendu arrêtez police. Je me suis dit des policiers sont là. J’ai arrêté de courir en me sentant enfin sauvé. Puis j’ai entendu mains en l’air couche toué à terre. Je me suis couché sur le sol et des hommes sont venus me frapper à coups de pieds dans les côtes, dans le visage et au sternum. Puis ils se sont saisis de moi .
En fait il n’y avait pas de bandits, c’était des policiers en civils qui venaient de me tabasser. J’avais une contusion au visage ( coup de pied à la mâchoire, aux côtes, au sternum), Après m’avoir questionné, ils ont vérifiés mes papiers, puis il m’ont traité de tapette en me disant que mon collège est un cégep de tapettes…
Depuis ce temps je n’ai jamais cessé d’avoir une sensation de boule oppressante au sternum et j’ai 51 ans. J’ai toujours eu l’impression de souffrir d’une hernie au diaphragme. Ils ne se sont pas excusé et il m’ont dit : tu peux te compter chanceux parce que l’autre escouade t’aurais tiré dessus parce que tu courais. A chaque rayon X pulmonaire depuis ce temps, on a diagnostiqué une nodosité sinusoïdale. Je n’ai jamais été investigué pour le diaphragme mais cela fait plus de 30 ans que je vis avec une boule. Hier en thérapie on m’a expliqué pour une autre chose que c’est probablement une boule de colère.…
En tentant de fuir mon père pour aller travailler, je me suis fait battre par la police de Montréal. Ce traumatisme je le subis encore aujourd’hui.
Après le contrôle des papiers, les policiers m’ont offert de me reconduire à l’urgence de mon choix : j’ai choisi celle de Notre-Dame : mon employeur.
Ils ont expliqué à l’urgence qu’ils m’ont ramassé sur la rue.
Brisé et fatigué d’attendre à l’urgence, j’ai laissé le message que je ne pouvais pas travailler. Je suis retourné du travail en métro et mon père qui m’a vu passer : enfin dessaoulé, ne m’a pas adressé la parole.
Le lendemain, je suis retourné au travail avec un bleu dans le visage. Puis le gros Bérubé, le contremaître, a lâché à mon arrivée : bon, le staff est complet avec l’arrivée de la tapette du cégep Bois-de-Boulogne qui court les rues et se fait arrêter par la police. Les gens ont ri…
En vous écrivant cela j’ai toujours cette boule du côté gauche.
En lisant les textes des chroniqueurs de la Presse qui expriment les préjugéssw droite du vieux Paul Desmarais qui se prend pour Dieu et qui se résument à ceci :
1) Les manifestants contre la violence policière sont tous des casseurs.
2) Ne manifestez pas avec eux car vous allez vous faire tabasser comme eux
je trouve que l'exercice journalistique tombe dans la facilité.
Moi je vous dit que je n’ai pas plus d’admiration pour les manifestants cagoulés qui cassent les vitrines d’honnêtes commerçants et vandalisent des automobiles que pour ce qu’ils deviennent en grandissant après une technique policière à l’issue de laquelle ils peuvent enfin matraquer du vrai monde en toute impunité. C’est bien connu dans ce monde de violence que certains casseurs sont de parfaits aspirants policiers et que certains policiers sont de parfaits aspirants vendeurs de drogue. Il y a pour les agressifs notoires une carrière toute désignée dans les forces policières.
Monsieur Desmarais l’an prochain j’essaierai d’aller défiler paisiblement le jour de la dénonciation de la violence policière que vous le vouliez ou non afin de crédibiliser cette démarche essentielle. Comme les ingénieurs portent autour du doigt, une bague de fer du pont de Québec pour se rappeler l’erreur de conception de l’un d’entre eux avant l’effondrement, la société a besoin d’une journée de dénonciation de la violence policière.
Je déplore que l’on tolère le port du masque pour permettre aux petits truands trop violents de se défouler sur des biens publics et privés afin de se venger de la violence endémique de certains policiers testostériques. Mais je déplore aussi que des journalistes ne donnent pas dans la nuance et qu’ils tiennent la position de droite du vieil abusif qui vient d’embaucher avec honneur et considération celui qui est responsable de la perte de 40 milliards dans l’épargne des québécois. Je sais qu’à vos yeux et dans vos intérêts, l’ancien PDG de la Caisse de Dépôt a accompli un excellent travail.
La violence M. Desmarais, elle est des deux côtés et elle est parfois médiatique lorsqu’elle masque un aspect de la réalité. Elle est aussi souvent monétaire. 10 milliards de plus en pertes que dans le reste du Canada c’est du terrorisme monétaire contre l’épargne des citoyens. Cela fait éclater les vitrines de mon étonnement et le véhicule de ma pensée en mille miettes.
Je termine en disant que beaucoup de policiers sont de parfaits gentlemen et beaucoup de manifestants cagoulés sont de parfaites petites crapules.
Pierre